mardi 15 septembre 2015

Le chameau coureur (2ème partie)

Le premier jet ne se fit pas attendre. A peine était-il arrivé là-bas que le Ministre lui avait déjà donné la première partie manuscrite. Pour faciliter leur travail, ils ont décidé d’écrire le texte complet en continue, puis de le relire une fois saisi pour plus de rapidité. Monsieur Redmarks revient avec trois feuilles manuscrites et repart aussitôt pour discuter et récupérer la suite. Pendant ce temps, la Capitaine me remet le document. ...



Oh mon dieu. Quel horreur ! Je crois que j’aurai du bosser au service du décryptage de la patte d’oie. Les hiéroglyphes sont encore plus lisibles. Imaginez-vous l’ordonnance de votre médecin écrit en petit et sur trois pages ! Vous y êtes ? C’est pas top n’est-ce pas. Et bien c’est exactement ce que je me suis dit. Aucun respect pour la pauvre secrétaire. Forcément, j’ai un peu de colère, car avec le stress qu’on me met, j’ai l’impression que la soirée va être vraiment, mais alors vraiment être très longue. Malgré tout et surtout avec beaucoup de déduction (on finit par connaître leur style d’écriture et les termes les plus courants, ça aide beaucoup). Je finis la saisie de ces trois premières pages. La Capitaine m’ordonne de l’imprimer pour en faire le corriger. Monsieur Redmarks arrive avec la suite. Cinq nouvelles pages. Je m’arrache à nouveau les cheveux car c’est vraiment l’étape la plus difficile dans la saisie.
Durant quatre interminables  heures, nous aurons entre nous ce rythme incessant. Et pour me venger en toute discrétion de leurs pattes de mouche, je décide de relâcher un peu mon attention. Pas très difficile à faire, je n’ai jamais excellé en français. La Capitaine n’a plus vraiment le temps de lire, ça va de plus en plus vite et le Directeur commence à devenir un très bon marathonien. Ma vendetta  me séduit beaucoup. Après tout, ils n’ont qu’à respecter un peu plus les jeunes secrétaire, pensais-je tout bas, tellement j’étais fière de moi.
Monsieur Redmarks revient une dernière fois au secrétariat et nous annonce satisfait que la mission est une parfaite réussite et que le Ministre nous remercie de notre rapidité et efficacité. Puis s’adressant à moi, il me demande de rester quelques instants. Le temps de discuter avec sa chef de secrétariat, la Capitaine. Ils s’enferment dans son bureau dont l’isolation est spécialement conçue pour sa fonction et d’où aucun secret ne doit sortir.
Je m’attends à ce qu’on me laisse partir. Il est 22h et je n’ai toujours pas mangé. La Capitaine ouvre la porte et m’appelle.
- Sergent, venez ici, nous avons à vous parler !
Mince, que me veulent-ils ? J’ai eu les remerciements donc pourquoi me demandent-ils de venir dans le bureau. En général, ce type de convocation nous l’appréhendons beaucoup, du fait que c’est toujours pour se prendre une remontée de bretelle. Forcément, on appartient au Cabinet du Ministre et notre travail doit frôler constamment l’excellence. J’ose être sereine du fait qu’il avait l’air satisfait en arrivant. Nous avions été rapides et efficaces même si mes nombreuses fautes que je qualifierai d’inattention pour ne pas dire qu’elles sont volontaires de part, ça ne se fait pas dans ce milieu-là. J’entre donc avec malgré tout l’espoir d’une récompense bien méritée.

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