Le premier jet ne se fit pas attendre. A peine était-il arrivé là-bas
que le Ministre lui avait déjà donné la première partie manuscrite. Pour
faciliter leur travail, ils ont décidé d’écrire le texte complet en
continue, puis de le relire une fois saisi pour plus de rapidité.
Monsieur Redmarks revient avec trois feuilles manuscrites et repart
aussitôt pour discuter et récupérer la suite. Pendant ce temps, la
Capitaine me remet le document. ...
Oh mon dieu. Quel horreur ! Je crois
que j’aurai du bosser au service du décryptage de la patte d’oie. Les hiéroglyphes sont encore plus lisibles. Imaginez-vous l’ordonnance de
votre médecin écrit en petit et sur trois pages ! Vous y êtes ? C’est
pas top n’est-ce pas. Et bien c’est exactement ce que je me suis dit.
Aucun respect pour la pauvre secrétaire. Forcément, j’ai un peu de
colère, car avec le stress qu’on me met, j’ai l’impression que la soirée
va être vraiment, mais alors vraiment être très longue. Malgré tout et
surtout avec beaucoup de déduction (on finit par connaître leur style
d’écriture et les termes les plus courants, ça aide beaucoup). Je finis
la saisie de ces trois premières pages. La Capitaine m’ordonne de
l’imprimer pour en faire le corriger. Monsieur Redmarks arrive avec la
suite. Cinq nouvelles pages. Je m’arrache à nouveau les cheveux car
c’est vraiment l’étape la plus difficile dans la saisie.
Durant
quatre interminables heures, nous aurons entre nous ce rythme
incessant. Et pour me venger en toute discrétion de leurs pattes de
mouche, je décide de relâcher un peu mon attention. Pas très difficile à
faire, je n’ai jamais excellé en français. La Capitaine n’a plus
vraiment le temps de lire, ça va de plus en plus vite et le Directeur
commence à devenir un très bon marathonien. Ma vendetta me séduit
beaucoup. Après tout, ils n’ont qu’à respecter un peu plus les jeunes
secrétaire, pensais-je tout bas, tellement j’étais fière de moi.
Monsieur
Redmarks revient une dernière fois au secrétariat et nous annonce
satisfait que la mission est une parfaite réussite et que le Ministre
nous remercie de notre rapidité et efficacité. Puis s’adressant à moi,
il me demande de rester quelques instants. Le temps de discuter avec sa
chef de secrétariat, la Capitaine. Ils s’enferment dans son bureau dont
l’isolation est spécialement conçue pour sa fonction et d’où aucun
secret ne doit sortir.
Je m’attends à ce qu’on me laisse partir. Il est 22h et je n’ai toujours pas mangé. La Capitaine ouvre la porte et m’appelle.
- Sergent, venez ici, nous avons à vous parler !
Mince,
que me veulent-ils ? J’ai eu les remerciements donc pourquoi me
demandent-ils de venir dans le bureau. En général, ce type de
convocation nous l’appréhendons beaucoup, du fait que c’est toujours
pour se prendre une remontée de bretelle. Forcément, on appartient au
Cabinet du Ministre et notre travail doit frôler constamment
l’excellence. J’ose être sereine du fait qu’il avait l’air satisfait en
arrivant. Nous avions été rapides et efficaces même si mes nombreuses
fautes que je qualifierai d’inattention pour ne pas dire qu’elles sont
volontaires de part, ça ne se fait pas dans ce milieu-là. J’entre donc
avec malgré tout l’espoir d’une récompense bien méritée.
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